vendredi 3 novembre 2017

Homélie du jour des défunts- 2 Novembre Année A



Homélie du jour des défunts- 2 Novembre Année A

Carmel de Saint-Maur — Père Maurice Boisson


             Hier après-midi, j’ai fait une visite dans le cimetière de mon village. J’y ai rencontré d’autres personnes, qui faisaient comme moi. Un homme du pays me dit : « Cela me remue chaque fois que je viens là, je vois ces noms qu’on a connus. Et je me dis, un jour, ce sera ton tour. Alors, cela me donne le tournis. » Et il ajoute : « Mais toi, ce n’est pas pareil, tu y crois ! » C’est vrai, je crois que ce cimetière n’est pas la fin du voyage. Il y a en nous des choses qui ne peuvent pas mourir. Je crois que ce n’est pas comme au cinéma où à la fin, c’est marqué FIN. Pour nous, il y a une suite. « Tu as de la chance »… On a causé un peu et finalement, je lui ai dit : « Tu sais, cela ne m’empêche pas d’être d’être remué, comme toi ! »
            Comme j’aurais aimé lui partager la belle première lecture de cette messe, écrite bien avant Jésus et rejoignant les questions de tous les temps, qui remuaient notre ami Bernard, et qui nous remuent aussi, sans doute, tant il y a, au fond de tout être humain, à la fois la braise de cette espérance d’un toujours et la marque de l’épreuve qui conduit à ce toujours.


            Nous sommes dans les mains de Dieu, nos défunts sont dans la main et la paix de Dieu, dit le Livre de la Sagesse, même si, aux yeux des humains, leur départ est vu comme un malheur et une séparation - ce qui est aussi une réalité. Ne passons pas trop vite du Vendredi Saint à Pâques. Entre les deux, il y a le silence du Père, l’obscurité, les larmes, et peut-être la révolte. Ce samedi, où le jour tarde à venir… où la visite de Dieu se fait attendre. C’est encore ce que dit la lecture.
            Mais, elle vient, cette visite qui brûle et qui réchauffe « comme l’étincelle sur la paille ». Il visite ses amis. Pour eux,  « grâce, miséricorde et paix », « ils resteront dans son amour près de lui ». Un beau message d’espérance, non pas dans les nuages mais qui pousse dans ce qu’il y a de plus humain et de divin en nous : l’icône de Dieu.

            Cette espérance est concrète, dit Jésus dans l’Évangile : « Restez en tenue de service, gardez vos lampes allumées », même si ce n’est qu’une petite braise, une petite lueur au fond de vous.
            « Restez en tenue de service », ou comme Thérèse d’Avila aimait à le répéter :

« Vivre toute sa vie,
Aimer tout son amour
Mourir toute sa mort »

            Vivre pleinement l’aujourd’hui qui nous est donné de vivre. Dans cet aujourd’hui, dépenser pleinement sa force d’aimer.
            Mourir toute sa mort, on ne peut guère en parler ! Sinon d’accueillir au quotidien la visite de Dieu à ses amis, de se laisser remplir de son Amour et de le redonner.

            Chaque matin, nous avons la chance, la grâce de chanter ou de dire :
« Grâce à la tendresse, à l’amour de notre Dieu
Quand nous visite l’astre d’en-haut…
Pour conduire nos pas aux chemins de la paix. »

            Les défunts, que nous prions, à qui nous pensons, eux qui ont fait l’expérience de la terre et du monde de Dieu, nous disent qu’il n’y a pas un royaume des morts et un royaume des vivants, il y a le Royaume de Dieu. Nous y sommes. C’est la table eucharistique, où Il nous attend et où nous rejoignons ceux qui sont avec Lui, par le Christ ressuscité, avec Lui et en Lui.

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