Homélie du 13ème dimanche ordinaire – Année A
Carmel de Saint-Maur – Père Maurice Boisson
Malgré la
météo, un parfum de vacances commence à se faire sentir, même si cela ne
concerne pas tout le monde, on profite de l’ambiance « vacances ».
Ce temps d’été est particulier. Chacun le vit à sa
façon. Il ne se réduit pas aux incontournables questions : « Vous
partez quand ? », « vous allez où ? », « vous
rentrez quand ? » Il y a une question que l’on ne pose jamais :
« Et vous rentrez où ? » C’est pourtant la question principale.
Habituellement, on rentre chez soi, à moins d’un changement d’affectation, de
poste, ou un changement d’orientation de vie. En fait, rentre-t-on dans le même
chez soi que celui d’où l’on est parti ? Il s’agit bien sûr du chez-soi
intérieur, de nous-mêmes. Même si nous ne sommes pas partis, comme on dit, nous
avons voyagé intérieurement.
Découverte, repos, temps gratuit pour famille et
amis, moments avec soi-même, calme et silence, lecture et prière. Tout cela
nous façonne aussi, façonne notre « chez-nous » intérieur.
La Parole de Dieu de ce dimanche nous invite à
profiter de ce temps pour favoriser la croissance du meilleur en nous, en
soignant la qualité de notre accueil et de nos choix. « Qui vous accueille
m’accueille, dit Jésus, qui m’accueille accueille celui qui m’a envoyé, il
accueille Dieu. » « Celui qui donnera à boire un simple verre d’eau
fraîche, sera récompensé. »
Dans
l’Evangile, comme dans l’ensemble de la Bible, l’accueil, l’hospitalité
tiennent une grande place. La première lecture nous donne un bel exemple :
des gens accueillent le prophète Elisée lors de ses passages ; ils lui
donnent à manger et lui préparent un petit studio, ils lui font une place pour
qu’il soit chez lui. Dans l’Evangile, l’accueil est la première qualité de
Jésus, première qualité de Dieu-Père. « Il fait bon accueil aux pécheurs,
aux petits, aux malades, aux païens, à la Samaritaine étrangère, aux lépreux, à
Matthieu le collecteur d’impôts, au fils parti et qui revient à la
maison… »
Accueillir
est la qualité de Dieu, parce que c’est la qualité d’aimer. C’est offrir à
l’autre une part de nous-même, qui au lieu de nous appauvrir, nous enrichit.
« Celui qui perd sa vie, la trouve. » Celui qui ne partage pas, perd
sa vie. C’est une invitation à nous désencombrer, à nous laisser déranger, à
faire une place à l’autre, dans notre tente intérieure, comme Abraham avec les
3 voyageurs.
C’est notre
Evangile : ne pas donner la préférence à nous-mêmes, mais à la façon
d’aimer de Jésus. En préférant Jésus, on aimera mieux, comme lui. Il nous
apprend à débarrasser de notre cœur ce qui empêche d’aimer vraiment, quand
notre moi prend toute la place en nous. C’est par les petits gestes, dit Jésus,
qu’on peut être des échantillons de ce qu’Il est lui-même. Un verre d’eau
fraîche donné à qui en a besoin, c’est rien mais cela représente toutes ces
petits gestes d’encouragement, d’aide, d’accueil, de bienveillance,
d’attention, de respect… « Ce que vous avez fait, c’est à moi que vous
l’avez fait…ou pas fait ! » dira Jésus au moment décisif.
Ce temps
d’été, de vacances, peut être favorable pour élargir l’espace de notre tente
intérieure. « Qui perd sa vie la trouvera », qui fait un peu de place
en lui-même pour accueillir l’autre, l’Autre, se trouvera meilleur. Peut-être
s’agit-il de nous détacher de ce qui nous semble être l’indispensable pour nous
attacher à ce que l’on prenait pour être rien, accessoire. Alors, on peut retrouver la vraie
question :
« Vous
rentrez où ? » Dans un chez-moi intérieur rénové, restauré, changé.
Bon
été !
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