lundi 22 mai 2017

Homélie du 6ème dimanche de Pâques Père Maurice Boisson



Homélie du 6ème dimanche de Pâques — Année A

Carmel de Saint-Maur — Père Maurice Boisson
             « Soyez prêts à rendre compte de l’espérance qui est en vous. Faites-le avec douceur et respect. » C’est ce que nous venons d’entendre dans la lettre de Pierre.

            « Pourquoi donc, Michel et Liliane sont-ils aussi disponibles et accueillants, quand il y a besoin d’aide ? » « C’est comme le Dédé : si ça ne va pas, tu vas parler avec lui. Il sait t’écouter et te dire une bonne parole qui t’encourage. Il prie beaucoup. »
« Au fait, pourquoi les sœurs se sont-elles faites sœurs ? En plus, au Carmel ! Il y a tellement à faire dans le monde ! »
« Et chez Yves, c’est beau ce qu’ils font avec leur groupe pour s’entraider dans leur profession. C’est difficile, ça leur prend du temps. Ils disent que c’est leur foi qui les secoue. »
« Sans oublier la mamy, qui, dans son fauteuil, égrène dans, son cœur, son chapelet pour les siens. »
… Et tout ce qui reste secret. On peut dire des choses semblables et d’autres, sur chacun de nous. Emmanuel Mounier disait : « Le chrétien, c’est quelqu’un qui a un secret dans le cœur. » Or, chacun sait qu’un secret, ça se devine, ça se sait… et cela se partage !


            Ce secret, c’est ce que nous portons, au plus profond de nous-mêmes, ce qui nous pousse à agir de telle ou telle façon, à faire tel ou tel choix plutôt que tel autre, c’est ce qui nous habite au plus intime de nous-mêmes : notre foi, nos convictions, nos désirs, ce qui inspire nos paroles, nos actes, notre manière d’être.

            Ce secret, c’est notre espérance, dit Saint Pierre dans la 2ème lecture de ce jour, la source, l’énergie, la mise en œuvre de ce que nous croyons. C’est le bon parfum de l’Évangile, reçu à notre baptême, que nous avons à répandre, pour que la vie soit plus belle. « À quoi sert le parfum, s’il reste dans un flacon fermé ? » (Paul Claudel).
            Notre façon d’agir, de vivre provoque des questions, de l’admiration, et de l’incompréhension, des moqueries, de l’indifférence ou pire : des persécutions. C’est actuel.

            « Qu’est-ce qui te fait vivre ? Pour qui tu roules ? » Les premiers chrétiens, à qui Saint Pierre s’adresse, se trouvaient dans des situations très difficiles, où ils n’étaient pas acceptés, ni admis dans la société du temps. Pierre leur écrit : « Soyez prêts à rendre compte de l’espérance qui est en vous. »
            « Qu’est-ce qui te pousse à être comme ça ? À agir ainsi, à faire ce choix ? Alors que ce n’est pas ton intérêt, ni ta tranquillité, ni la mode !

            « Le langage du Christ est celui d’un cœur fraternel et bon » écrit Madeleine Delbrel témoignant de « nous autres, gens des rues ». Rendre compte de l’espérance qui est en moi, quand on me le demande, c’est essayer, très simplement, de dire ce secret, qui, au fond de moi, me pousse à être et à agir de telle façon, malgré mes erreurs et mes faiblesses.

            Le Pape Paul VI, il y a 40 ans, faisait ce constat toujours actuel : « L’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres. S’il écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins. » (Annoncer l’Évangile n°41).
Soyons prêts à partager cette espérance qui est en nous, avec celles et ceux qui cherchent, non pas comme des gens tristes et découragés, impatients ou anxieux, mais vivants de ce secret reçu : la présence et la joie du Christ ressuscité. Il nous redit, tous ces dimanches de Pâques, combien sa présence de Ressuscité ne nous manque pas : « Je ne vous laisse pas orphelins » nous dit-il ce matin. Il met en nous, par son Esprit, une énergie intérieure, cette « petite espérance » dont parle Péguy, « qui n’a l’air de rien du tout, tremblante à tous les vents, impossible à éteindre. » Soyons prêts à nous communiquer cette espérance, comme on se passe l’eau bénite à l’entrée de la chapelle, pour nous rappeler qui nous sommes.

         

            « Faites-le avec douceur et respect » nous dit Saint Pierre. C’est la condition pour être entendus. Partager simplement ce qui est en nous, en étant nous-mêmes, avec l’autre, qui est lui-même. C’est toujours en profondeur, en eau calme que l’on se rejoint. C’est l’itinéraire de la vérité : chemin de douceur, de respect, de patience. Saint Alphonse de Ligori, spécialiste de la morale, disait : « Les âmes trop sûres d’elles-mêmes font trembler. »Être témoins ne consiste pas à faire trembler pour imposer, mais à susciter le doux bruissement d’une source, qui donne vie à deux sœurs jumelles : l’espérance et la joie intérieure…

… à partager, c’est un secret !  « Vous serez mes témoins ! »

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