mardi 9 mai 2017

Homélie du 4ème dimanche de Pâques, Année A



Homélie du 4ème dimanche de Pâques,  Année A
Carmel de Saint-Maur — Père Maurice Boisson
   « Allo, c’est toi, Bernard ! Il y a longtemps que l’on ne s’est pas parlé mais je reconnais ta voix! Je te reconnais à ta voix… »
            Chaque voix est particulière, unique. Elle traduit souvent l’intérieur : « Tu n’as pas la même voix que d’habitude ! »
            Ecouter la voix de quelqu’un, c’est beaucoup plus que d’entendre des mots et des sons. C’est le rejoindre, un peu plus loin que les sons. « Les brebis écoutent la voix du berger. Il les appelle chacune par son nom, elles le suivent parce qu’elles connaissent sa voix. »


            Pour faire comprendre son message, Jésus emprunte des images, des comparaisons avec ce qu’il voyait autour de lui : la vie des gens, des bergers, des troupeaux, de la vigne, une femme qui pétrit la pâte pour faire le pain… etc. Les moutons, les brebis, les bergers, faisaient partie de son paysage. Ils sont là à Noël. Jésus emploie cette image pour s’adresser aux pharisiens, « mais eux ne comprirent pas de quoi il leur parlait. »

            Le soir, les troupeaux étaient rassemblés dans un enclos, fermé par une porte, sous la garde d’un portier. Le matin, chaque berger venait reprendre ses bêtes, les siennes. Celles-ci sortaient de l’enclos et suivaient le berger au son de sa voix : « Il appelle chacune par son nom, et il les fait sortir car elles connaissent sa voix. » Cette image nous montre le soin, l’attention, la proximité que Dieu, le Christ porte à chacun, à chacune. On n’est pas dans l’anonymat, ni un numéro dans un troupeau. Aux yeux du Bon Berger, le Christ, chacun, chacune a un nom par lequel il est appelé, et appelé à sortir de l’enclos, de ce qui enferme.

            « Tu as du prix à mes yeux ! » dit Dieu, « Tu es précieux pour moi. » Si une brebis s’égare dans la montagne, le Berger laisse les quelques autres pour partir à sa recherche. Il prend soin de nos fragilités, il nous connaît, et il veut vraiment que nous soyons heureux, pas forcément d’un bonheur extérieur, mais de ce qui peut rendre heureux au fond de nous-mêmes, à travers ce qui arrive. Ces « petits bonheurs » dont parle une chanson, qui apparemment, n’ont l’air de rien, mais qui suffisent à nous remplir le coeur, à nous donner une paisibilité intérieure. Cela aide à vivre, comme une petite flamme qui tient bon malgré les courants d’air, les événements. Un petite flamme que l’on croit parfois éteinte mais qui se rallume parce qu’elle ne peut pas rester éteinte… elle est vie…

            « Je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance. » Cette vie est exprimée par le psaume 22 que nous avons chanté. « Le Seigneur est mon berger, rien ne saurait me manquer. » C’est le désir de Dieu, comme d’un bon berger : nous conduire vers les prés d’herbe fraîche et les eaux tranquilles pour refaire nos forces et nous faire revivre. Ce désir de ne pas nous voir atteints par les forces du mal : « Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal car tu es avec moi. »

            À chacun, à chacune, aujourd’hui, de reconnaître la voix du Seigneur, de Le reconnaître à sa voix, de reconnaître à quoi correspond ce désir de bonheur pour nous, dans notre vie concrète. Le bon berger ne nous laisse pas enfermer dans nos enclos, là où nous pourrions être à la merci de ceux qui escaladent le mur pour nous tenir enfermés. Le Bon Berger, le Christ, entre par la porte et l’ouvre, pour que nous puissions le suivre et qu’à notre tour, nous soyons de bons bergers les uns pour les autres. Prendre soin, porter attention, connaître et re-connaître à la voix, être là dans les passages difficiles, ouvrir les portes intérieures, indiquer le bon chemin où veut nous conduire le Bon Berger, c’est à tout cela que le Seigneur nous appelle.

            En ce jour de prière pour les vocations, commençons d’être de bons bergers les uns pour les autres. Nous donnerons peut-être goût et envie à quelques uns, quelques unes d’être un peu plus « bons bergers » à l’image du Christ, en se donnant plus totalement eux-mêmes par amour pour frères et soeurs. Cela vaut le coup !

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