dimanche 28 mai 2017

Homélie de l'Ascension -- Année A



Homélie de l'Ascension -- Année A
Carmel de Saint-Maur -- Père Maurice Boisson

"Allez, de toutes les nations faites des disciples !" C'est la recommandation de Jésus à ses amis lorsqu'il disparaît à leurs yeux de chair, mais pas à leur cœur. Plus de 2000 ans ont passé. Notre assemblée de ce matin est une belle illustration, petite mais réelle, de la réalisation de cette parole du Christ. Plusieurs continents, plusieurs nations sont représentés ici, dans cette chapelle.
"Je suis avec vous, tous les jours jusqu'à la fin du monde." L'Ascension se continue aujourd'hui. La présence du Christ ressuscité ne nous manque pas. C'est à nous, aujourd'hui, à donner vie, visibilité à cette présence. "Il n'est plus devant nos yeux. C'est à nous de prendre sa place aujourd'hui pour que rien de lui ne s'efface." (Claude Duchesneau) Il n'a pas d'autres mains que les nôtres pour rendre présent aujourd'hui le don d'Amour de notre Dieu. Il n'a pas d'autre cœur aujourd'hui pour rendre présente aujourd'hui la miséricorde de Dieu à tous. Il n'a pas d'autre bouche aujourd'hui que la nôtre pour redire les paroles de vie, d'espérance, de réconfort, de relèvement, de paix, paroles qu'il a semées, un jour, sur la terre de Galilée et qui continuent aujourd'hui de porter du fruit dans toutes les nations et dans nos cœurs.


L'Ascension n'est pas un décollage du Christ, comme une fusée partie dans l'infini des mondes, loin, loin, derrière les nuages et les étoiles. À l'Ascension, en rejoignant l'Amour et le cœur de Dieu, Jésus, revenu de la mort, plonge encore plus profond dans notre cœur humain et dans les entrailles du monde.

La Préface le dira tout à l'heure : " Il ne s'évade pas de notre condition humaine ", il nous est encore plus présent dans son absence visible. On peut être tout près physiquement et s'ignorer royalement. On peut être loin, et très proche. La présence ou l'absence ne sont pas seulement une question de kilomètres. C'est surtout une attitude intérieure de distance ou de proximité du cœur.
Jésus n'a pas décollé de nos vies, faites de chair et de sang, de boue et d'eau vive, "d'hommeries" et des plus belles générosités, mais il les pousse vers le haut, vers un meilleur, un mieux, un plus beau, vers ce qui est finalement notre destination humaine. " Il nous donne l'espérance de le rejoindre un jour" (Préface). C'est nous, souvent, qui décollons, "qui cherchons Dieu dans les nuages, chantait le Père Duval, et manquons son dernier passage."

Alors que Jésus disparaît aux yeux de ses amis, dans une nuée - un signe de la présence de Dieu,  ceux-ci fixaient le ciel avec tristesse comme on regarde un avion qui s'éloigne et disparaît peu à peu à nos yeux. Deux hommes vêtus de blanc (cela rappelle la Résurrection) les secouent : "Galiléens , pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? " "C'est en Galilée que vous me verrez" avait dit Jésus.

Galiléens que nous sommes, c'est dans nos Galilées que nous rencontrerons le Ressuscité, dans nos lieux de vie, dans nos relations, dans nos épreuves et nos joies, nos faiblesses et nos générosités, dans la proximité d'une présence avec Lui, présence écoutante, priante, aimante, nourrissante. S'Il n'est plus devant nos yeux de chair, Il nous donne le pain et le vin de son Amour -c'est l'Eucharistie. À nous de Lui prêter nos mains, nos bouches, nos cœurs pour le rendre présent et visible, ici et aujourd'hui... "pour que rien de lui ne s'efface !"

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