lundi 20 mars 2017

Homélie du 3ème dimanche de Carême, année A



Homélie du 3ème dimanche de Carême, année A

Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson

            Que nos coeurs soient attentifs, pour écouter le récit d’une des plus belles rencontres de Jésus ! Une rencontre avec nous-mêmes, d’où jaillit une source d’eau vive : le don de Dieu-Amour.

            Un puits où jaillit une source souterraine, un lieu de rencontre.
            Un homme, voyageur, fatigué, assis au bord de ce puit.
            Une femme, venant remplir sa cruche, en plein midi.
            Tout sépare ces deux personnes : la haine mutuelle de leur peuple, la religion, la culture, les convenances, le lieu et l’heure de la rencontre. L’eau les réunit. « Donne-moi à boire » demande ce voyageur n’ayant rien pour puiser de l’eau, et passant outre toutes les convenances et les barrières. Elle est venue au puits, à l’heure de midi, la plus chaude, pour ne rencontrer personne, de peur d’avoir à subir des regards et des paroles blessantes : elle a eu 5 maris et l’homme qui est avec elle, est un compagnon ! « Donne-moi à boire » le plus profond de ce qui est humain : le désir d’aimer vraiment, et la faiblesse et les échecs et la soif de fraîcheur et de limpidité et les expériences décevantes et l’isolement, ce terreau humain, notre « hommerie ». Rencontre, au bord du puits, le divin : la source, l’eau vive, la fraîcheur, la limpidité, la vie, l’amour : le coeur de Dieu.


            L’eau du puits, qui jaillit de la terre souterraine de notre humanité, devient, pour cette femme comme pour nous, l’eau vive, jaillir du coeur de Dieu, eau tonifiante, apaisant son désir intérieur qu’elle n’arrive pas à combler par ses amours successifs.

            Au-delà des convenances, des barrières, des situations non conformes, Dieu, en Jésus notre frère, prend l’initiative de nous rejoindre, pas pour jeter dans le puits, mais pour nous donner l’eau vive qui nous relève, et nous remet sur la route, l’eau vive qui remplit nos cruches.
            « Donne-moi à boire » pour que nous réalisions que c’est nous qui devons te demander l’eau vive dont nous avons soif, parfois sans le savoir. Nous sommes cette samaritaine que Jésus emmène au plus profond d’elle-même, de nous-mêmes : là où notre puits est fermé par une pierre que nous ne pouvons plus soulevée, celle du puits de Jacob; là où notre coeur desséché a besoin de se réhydrater; au bord du puits, là où nous conduit intérieurement; là où comme cette femme de Samarie, comme Marie-Madeleine, tous ceux au coeur usé, comme Pierre et les autres, au coeur incrédule et découragé, il nous conduit à l’eau vive, fraîche, tonifiante et claire. Voilà que ce voyageur, sur la margelle de nos puits, nous indique la vraie source : « C’est toi qui aurais dû me demander à boire… Je t’aurais donné l’eau vive… » « Quiconque boit l’eau que je lui donnerai, n’aura plus jamais soif. »

            Dans nos turbulences intérieures et les vagues de notre monde, près du puits, le voyageur réveille en nous une autre soif et une autre source. « L’eau que je lui donnerai deviendra en lui source jaillissante pour la vie, la vraie, pleine, complète, entière. C’est le don de Dieu, le don de lui-même, qui est Amour.
             « Si tu savais le don de Dieu, tu me demanderais cette eau vive! » « Je désirais vivre et je ne vivais pas. » Vous avez reconnu, mes Soeurs, ces mots de Thérèse de Jésus (Vie 8), ce soupir est celui d’aujourd’hui : « je désire vivre et je ne vis pas », c’était celui de cette femme avec sa cruche. « Laissant là sa cruche », vide de son passé et de l’eau du puits, prête à être remplie pour sa soif d’eau vive, de l’eau de la vraie source. « Seigneur, donne-moi de cette eau, que je n’aie plus jamais soif ! » « Moi, qui te parle, je suis l’eau vive. » Au pays de la soif, il est une source. Heureux l’homme assoiffé qui puise à cette eau vive !

            Seigneur, nos cruches sont vides, nos coeurs ont soif d’eau vive. Remplis-les du don de Dieu, source de toute vie et de tout Amour.

            « Si tu savais le don de Dieu ! »

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